L’universitaire Abdelhak Azzouzi, spécialiste en sciences islamiques, humaines et sociales, vient de publier, aux éditions internationales Al-Bouraq, un ouvrage de traduction et d’exégèse en langue française du Coran.
Fruit de dix années de travail et de recherches, l’ouvrage, qui se décline en trois volumes imposants de 3.200 pages, est destiné à se tailler une place de choix dans la sphère de l’édition religieuse, grâce à une «approche heuristique et herméneutique finement adoptée, une traduction-exégèse ciselée au cordeau et un sens de la rigueur omniprésent».
Pour son éditeur, cette publication majeure ne se confine pas dans l’exercice, somme toute prosaïque, de la simple traduction littérale, mais revendique une richesse et une finesse uniques».
Un ouvrage destiné à un lectorat francophone
«Outre la rigueur académique, le souci de rester fidèle au texte sacré et le soin mis par l’auteur à en restituer la grâce stylistique offrent une saisie pertinente et fidèle du message coranique, aussi bien aux lecteurs de confession musulmane qu’à ceux qui cherchent à imprimer un sens à leur existence et à l’arrimer à une attache spirituelle propre à leur insuffler quiétude et sérénité», indique-t-on.
L’ambition de l’interprète-exégète était d’élaborer une version sans la moindre dissonance avec la profondeur sémantique ni avec les splendeurs stylistiques du texte coranique. Il s’agissait de présenter une version du Coran en français qui ne trahisse ni l’esprit ni la majesté du texte original tout en veillant, en variant les ressorts pédagogiques, à ce que le rendu ne soit pas d’un accès ardu ou déroutant pour le lectorat francophone.
«Chaque sourate a été examinée dans sa globalité, en identifiant et en cernant d’abord le faisceau des unités thématiques, puis en procédant à une traduction allant de pair avec un commentaire à l’avenant, lesquels, dans leurs interconnexions, allient différentes composantes du texte lexicale, grammaticale, rhétorique et spirituelle», explique Abdelhak Azzouzi à la MAP.
Un souci de modération assumé
A cet effet, le président de la Chaire Alliance des civilisations à l’université Euromed de Fès s’est inspiré des ouvrages-phares du Tafsir, anciens et contemporains, en s’évertuant à ne retenir que les récits et les interprétations les plus fiables, à savoir celles qui ne dérogent ni au bien-fondé de la raison ni aux fondamentaux de la foi.
Et s’il s’y adosse en toute logique en guise de substratum, il dit ne pas oublier d’endosser la nécessaire charge de l’Ijtihad dans un «jeu d’équilibre» entre attachement éclairé aux textes sacrés et souci de modulation ou de modération assumé, dicté par les mutations affectant et impactant la réalité contemporaine.
Une contextualisation pour une compréhension profonde
Les circonstances ou raisons de la révélation, à savoir les situations, les événements ou les interrogations qui en ont motivé l’advenue, n’ont pas été, non plus, négligées. Il a eu recours, à ce propos, à la science des circonstances de la révélation, qui apporte des éclairages historiques édifiants quant aux contextes et conditions à la faveur desquels nombre de versets coraniques ont été révélés.
Cette contextualisation favorise, insiste-t-il, une compréhension plus profonde et davantage nuancée de bien des versets, tout en aidant à les situer avec justesse sur le cours chronologique du temps et à en saisir la sagesse sous-jacente qui a servi de socle ou de fondement aux commandements légaux.
(Avec MAP)